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Commentaires janvier 2021

L’Allemagne et la France sont entrés en campagne électorale sur fonds de crise du Covid et de recomposition en profondeur des systèmes partisans.

En France, les élections régionales auront lieu en juin prochain, « tour de chauffe » avant les élections législatives et présidentielles de 2022. Tout comme pour les élections municipales, le résultat de LREM sera influencé par le manque d’implantation locale de la formation d’Emmanuel Macron, dont la popularité progresse : la moyenne des sondages le crédite de 40 % de satisfaits. Marine Le Pen comptera ses troupes, les Républicains regarderont de près les résultats des trois Présidents de région Valéry Pécresse (Île de France), Xavier Bertrand (Hauts de France) et Laurent Wauquiez (Auvergne-Rhône-Alpes), conditionnant leur candidature à la présidentielle.

 Quant à l’Allemagne, l’année est plus décisive encore avec cinq élections régionales (Baden-Wurttemberg, Thuringe, Rhénanie-Palatinat, Saxe-Anhalt, Berlin et Mecklenburg) et les élections législatives le 26 septembre.

Ce sont 1.000 délégués du parti, et non les 400.000 membres de la CDU qui ont élu le modéré Amin Laschet, Ministre-Président de Rhénanie du Nord-Westphalie à la tête du parti. Sa victoire d’une courte tête face au conservateur Friedrich Merz (53 contre 47 %) laisse entière la nécessité d’unifier le parti. Reste à désigner leur candidat à la chancellerie, qui doit avoir l’aval non seulement de la CDU, mais également du parti frère de Bavière, la CSU. Le président de la CSU Marcus Söder caracole en tête des sondages, ayant su s’imposer comme champion de la lutte contre le Covid (alors même que la Bavière reste l’un des Länder au taux d’infection les plus élevés).

Les chrétiens-démocrates, crédités actuellement de 35 % des voix, pourront choisir leur partenaire pour constituer leur majorité parlementaire : soit les Verts (actuellement à 21 %), soit les Sociaux-démocrates tombés à 15 %. Le candidat CDU/CSU à la chancellerie doit donc être compatible avec ces deux formations.

Les sociaux-démocrates ont élu en novembre 2019 à la tête du parti le tandem Esken/Walter Borjan, toujours aussi inconnu du grand public. L’intention est de retrouver leur âme de parti de gauche et de récupérer les électeurs qui avaient fait sécession en créant le parti « Die Linke » autour d’Oskar Lafontaine (à 7 %). Pour toutefois rester en mesure de séduire les électeurs du centre, le SPD a désigné l’actuel ministre des finances Olaf Scholz, pourtant candidat malheureux à la présidence du parti en 2019.

Les Verts ont quant á eux le vent en poupe, et ils veulent gouverner : ils choisiront au printemps qui d’Annalena Baerbock et de Robert Habeck conduira leur liste. N.B. : leur porte-parole pour les affaires européennes, Franziska Brantner, est parfaitement francophone et francophile (elle a notamment étudié à Sciences Po Paris).

Ces élections auront également pour cadre une économie affaiblie par le Covid et une montée du nombre de faillites.

Le Conseil national de la productivité affirme dans son rapport de janvier 2021 : « Selon les prévisions de décembre de l’OCDE, le PIB mondial se contracterait de 4,2 % en 2020. Le PIB des pays développés subirait une chute de 5,8 %. (NdR: Selon l’INSEE, la chute a été de 8,3 % en France). À titre de comparaison, la crise de 2009 a entraîné une baisse du PIB de 4,5 % dans la zone euro, de « seulement » 2,9 % en France (0,1 % au niveau mondial)“.

Les aides publiques ont pu réduire le nombre de faillites, pour l’instant en diminution de 36 %, alors qu’elles avaient bondi de 40 % en 2009. Les faillites vont augmenter, ne fut-ce qu’à cause de l’effet “rattrapage” de celles qui n’ont pas eu lieu en 2020 et de la réduction d’activité au premier trimestre 2021. Le Conseil recommande une renégociation de la dette des entreprises viables pour atténuer l’augmentation, le cas échéant avec l’aide de l’État.

Quant au Covid, souvenons qu’au tout début de la crise nous disions qu’il fallait recourir à la stratégie “du marteau et de la danse” : nous ne pensions pas devoir utiliser le marteau aussi souvent. Et pourtant, nous voici confrontés à la troisième vague avec des variantes anglais et sud-africain plus virulents encore. L’évolution notamment aux Etats-Unis et en Espagne, mais aussi en Allemagne est très inquiétante, et ce pour le troisième mois consécutif.

  France Allemagne États-Unis Italie Espagne
Tests quotidiens pour 1000 (*) 4,51 1,82 4,11 4,06 4,88
% de tests positifs (*) 7,1 % 10,0 % 15 % 5,1 % 15,3 %
Nombre de cas

30 décembre (**)

2.616.510

(+ 15, 2 %)

1.661.394

(+ 56,2 %)

19.136.589

(+ 43,0 %)

2.047.696

(+29,2 %)

1.854.951

(+ 13,9%)

31 janvier

(**)

3.236.685

(+23,7 %)

2.224.911

(+ 33,9 %)

26.074.881

(+36,3 %)

2.541.783

(+24,1 %)

2.743.119

(+47,9 %)

Décès

30 décembre (**)

62.867

(20,0 %)

30.316

(+85,9%)

333.140

(+ 24,9 %)

71.925

(+ 31,0%)

49.824

(+11,5 %)

31 janvier 21

(**)

76.006

(+20,9 )

57.111

(+88,4 %)

439.530

(+31,9 %)

88.279

(+ 22,7 %)

58.319

(+17,1 %)

Par million d’habitants

(30 octobre)

 

1.144

(551)

 

671

(125)

 

1.336

(707)

 

1.446

(631)

 

1.236

(762)

Vaccins par jour en % de pop

(part de pop vaccinée) (*)

 

0,11 %

 

(1,99%)

 

0,11 %

 

(2,65%)

 

0,38 %

 

(8,42 %)

 

0,11 %

 

(2,97%)

 

0,11 %

 

(3,15%)

Source : Johns Hopkins Corona Resource Center (30 décembre 2020 & 31 janvier 2021)

(*) Moyenne de sept jours ourworldindata 29 janvier 2021 (Oxford University)

(**) % par rapport au mois precedent

La France vaccine désormais autant que l’Allemagne. Les États-Unis ont néanmoins pris beaucoup d’avance : 8,4 % de la population américaine est d’ores et déjà vaccinée, soit trois fois plus qu’en Allemagne et quatre fois plus qu’en France. Les États-Unis ont acheté les vaccins 4 mois plus tôt, l’administration de Donald Trump ayant investi près de 10 milliards pour ce faire.

Souvenons-nous que le virus ne se déplace pas par lui-même, mais a besoin d’un porteur : la logique nous impose donc de limiter tout contact et déplacement, au sein, mais aussi entre États européens ! Aux gouvernements de communiquer sur la durée et non plus à la petite semaine.

Christophe Braouet