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Commentaires novembre 2020

L’élection de Joe Biden est certes une bonne nouvelle pour la relation transatlantique, car le ton sera plus conciliant. Mais rappelons ce que disait le Général de Gaulle, né il y a 130 ans et mort voici 50 ans : « Un grand pays n’a pas d’amis. Les hommes peuvent avoir des amis, pas les hommes d’État. » (Entretien Paris Match, 9 décembre 1967). Joe Biden devra avant tout se consacrer à réconcilier une population américaine profondément divisée (Donald Trump a tout de même obtenu 10 millions de voix de plus qu’en 2016…). Sa première préoccupation étrangère reste la montée en puissance de la Chine. Henry Kissinger n’hésite plus à parler d’un risque de guerre, si États-Unis et Chine ne parviennent pas à s’entendre sur un modus vivendi, car au-delà de l’actuel déséquilibre des forces militaires au profit de la Chine, celle-ci confirme chaque jour davantage sa domination commerciale. Non seulement Daimler décide de faire fabriquer ses moteurs en Chine (sic), mais la Chine vient d’envoyer une fusée sur la lune et de créer la plus vaste zone de libre-échange au monde avec la conclusion du traité de libre-échange Asie-Pacifique.

Les Européens doivent trouver leur place sur la scène mondiale – avec ou sans la Grande-Bretagne – et leurs propresréponses à l’égard de la Chine, comme à l’est et au sud. À nous d’agir en Afrique pour répondre à sa progression démographique. Il nous faut assurer notre autonomie stratégique tant économique que militaire. Emmanuel Macron affirme dans un entretien à la FAZ le 16 novembre : « Les Etats-Unis ne nous accepteront comme alliés que si nous nous prenons au sérieux et sommes souverains en termes de défense ». Pour ce faire, l’Allemagne confirme davantage encore son ancrage en Europe plutôt que de rêver d’un facile et improbable retour dans le giron américain.

L’actualité en Méditerranée et en Europe orientale démontre les nouveaux enjeux, dont les États-Unis se désintéressent. Les provocations de la Turquie dans les eaux territoriales grecques et chypriotes, et un Président turc qui s’interroge publiquement sur la santé mentale d’Emmanuel Macron sont sans précédent. Erdogan cherche à s’imposer comme protecteur des musulmans pour compenser son échec économique, rêve d’un nouvel empire ottoman et n’hésite pas à jouer avec le feu en misant sur le « conflit de civilisation ».

Après les attentats terroristes sanglants à Paris, Nice, Vienne et Dresde, il convient également de prendre des initiatives communes de lutte contre le terrorisme. Car, comme le dit Angela Merkel, « les attentats agressent notre société de liberté, notre manière de vivre

Dans ce contexte, le projet d’une « Conférence sur l’avenir de l’Europe », qui s’achèvera sous la présidence française, est plus important que jamais. La Commission a proposé pour objectifs” la lutte contre le changement climatique et les défis liés à l’environnement, une économie au service des personnes, l’égalité et l’équité sociales, la transformation numérique de l’Europe, la promotion de nos valeurs européennes, le renforcement de la voix de l’UE dans le monde, ainsi que la consolidation des fondements démocratiques de l’Union”.

En attendant, l’Allemagne qui préside l’Union européenne, est parvenue à finaliser le Fonds de relance européen, maintenant approuvé par le Parlement avec quelques amendements tel que l’augmentation des fonds pour le programme Erasmus. Reste l’approbation des États membres. Seuls la Hongrie et la Pologne menacent de leur veto, refusant la conditionnalité de l’état de droit : un comble, car l’Europe perdrait son âme si elle renonçait à ce principe. À la Hongrie et la Pologne de faire leurs comptes : la Pologne est le principal bénéficiaire net de l’Europe avec 12 milliards d’Euros, la Hongrie le second avec 5 milliards, alors que l’Allemagne est le premier contributeur net (13 milliards) et la France le troisième (6,2 milliards) après la Grande-Bretagne (6,9 milliards).

Le 4 novembre 2020, la Présidence de la République française a publié les objectifs pour sa présidence de l’union(janvier-juin 2022) :  « (…) La présidence française interviendra à un moment singulier au regard du contexte européen et international qui appelle une action toujours plus résolue et efficace des Européens : crises dans notre voisinage immédiat, crise du multilatéralisme, crise climatique, etc. (…) la France entend saisir pleinement cette occasion essentielle pour contribuer à faire avancer l’Europe. En effet, à l’heure où ne cessent de se multiplier les défis mondiaux (sanitaires, environnementaux, démocratiques, sécuritaires, etc.), il est essentiel de continuer à démontrer la pertinence de l’échelon européen et à redonner confiance dans la capacité de l’Europe à préserver à long terme les choix de société et à peser dans le monde. »

Il faut aussi tenir le cap de l’union économique et financière, alors que l’écart entre Allemagne et France se creuse et que la dette de la zone Euro dans son ensemble a dépassé les 100 % du PIB. Il faudra probablement revoir les critères de Maastricht…, car selon les dires du nouveau chef économiste de la BCE Philip Lane la croissance sera plus faible qu’espérée, l’Europe ne retrouvant son niveau d’avant crise qu’après l’automne 2022.

Après cinq ans de stabilité, la dette française a fortement progressée pour atteindre 119 % du PIB (à 98 % du PIB contre 75 % seulement pour l’Allemagne). Si elle est supportable actuellement (du fait des taux d’intérêts négatifs), il est impératif de la réduire pour assurer son remboursement en cas de hausse des taux. Le Gouvernement a mandaté un groupe d’experts pour trouver la réponse. À suivre, mais comme la France a le niveau de prélèvements le plus élevé des pays de l’OCDE, la réponse devra passer par une réduction des dépenses publiques.

Les mesures de confinement restent strictes, même si les commerçants peuvent à nouveau ouvrir en France.

La progression des cas et des décès plus rapides en Allemagne illustre que la seconde vague y est arrivée plus tard. Les systèmes hospitaliers sont sous tension, car en moyenne 8 % des cas sont hospitalisés et 2 % admis en soins intensifs. 

  France Allemagne États-Unis Italie Espagne
Nombre de cas

30 octobre

1.377.347

(+137 %)

 

527.916

(+82 %)

9.047.792

(+ 27 %)

647.674

(+108 %)

1.185.678

(+58 %)

30 novembre 2.270.573

(+ 64,6 %)

1.063.752

(+ 101,5%)

13.383.321

(+ 47,9 %)

1.585.178

(+144,7%)

1.628.208

(+ 37,3 %)

Décès

30 octobre

36.605

(+15,3 %)

10.462

(+10,5 %)

229.708

(+12,1 %)

38.321

(+7 %)

35.878

(+14,9 %)

30 novembre 52.410

(+43,2 %)

16.306

(+55,9 %)

266.873

(+ 16,2 %)

54.904

(+ 43,3%)

44.668

(+24,5%)

Par million d’habitants  

780

 

188

 

813

 

875

 

949

Source : Johns Hopkins Corona Resource Center (30 octobre & 30 novembre 2020)

Il convient maintenant de prévoir en mois, et non en semaines à venir. Si la mise sur le marché d’un premier vaccin par le laboratoire allemand BioNTech et le groupe américain Pfizer est encourageante, il demeure clair que le plus grand nombre d’entre nous ne sera protégé qu’après les prochaines vacances d’été.

Relevons qu’entre temps, la commission européenne a :

Plus que jamais, restez prudents et en bonne santé !

Je vous souhaite une belle période de l’avent, certes sans nos marchés de Noël, mais peut-être avec d’autant plus de bonnes pâtisseries faites maison.

Christophe Braouet