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Commentaires Avril 2021

Francfort, 31 mars 2021

Le Covid est susceptible de créer des surprises politiques, aussi bien en France qu’en Allemagne : les Verts allemands sont devenus la pierre angulaire de toute possible coalition et les résultats des élections à venir en France sont de plus en plus aléatoires.

Le camp des abstentionnistes – maintenant un tiers des Allemands- a progressé de 6 % et profite le plus de la crise identitaire des grands partis traditionnels. C’est lui qui peut faire pencher la balance dans un sens ou dans un autre.

Les Verts ont remplacé les sociaux-démocrates du SPD en tant que seconde force politique du pays. Ils récupèrent des voix tout bord. A l’échelon fédéral, ils sont crédités de 22 % (le SPD de 16 % seulement) et sont au centre de toute réflexion de coalition.

Les électeurs des grands partis traditionnels ont fondu de moitié : CDU et SPD avaient à eux deux 90 % des votes dans les années 70. Ils sont tombés à 40 % dans les sondages au niveau fédéral, comme ce fut d’ailleurs effectivement le cas au Bade-Wurtemberg lors du scrutin du 14 mars dernier. Les deux partis doivent se différencier -en même temps- des concurrents sur leur droite et leur gauche…et n’y parviennent pas. Les chrétiens-démocrates ont de surcroît soufferts du scandale des commissions perçues par certains de leurs députés pour la vente de masques. Les résultats sont au plus bas : 24 % au Bade-Wurtemberg et 27 % en Rhénanie-Palatinat, et les sondages les créditent de 25 % sur le plan fédéral.

Le système partisan a volé en éclats, rendant la constitution de coalitions gouvernementales de plus en plus difficile. Les coalitions tripartites sont devenues la règle, les bipartisanes l’exception. En Rhénanie-Palatinat, la coalition tricolore (SPD-Verts et Libéraux) est confirmée. Cette constellation est également devenue une alternative possible (quoique peu probable) à la coalition existante des Verts et du CDU au Bade-Wurtemberg. Cette alliance tricolore est également possible à l’échelon fédéral. Aux Verts de choisir d’être partenaire minoritaire d’une coalition avec le CDU ou de désigner leur candidat à la chancellerie à la tête d’une coalition tricolore…Seront-ils à la hauteur des aspirations à Berlin – comme ils le sont déjà au Bade-Wurtemberg ?

En France, c’est la discussion d’un nouveau report des élections régionales et départementales qui va bon train. Banc d’essai des élections présidentielles de mai 2022, le temps joue en faveur d’Emmanuel Macron, qui peut être tenté d’attendre les succès de la campagne de vaccination et reporter les élections de juin à septembre.

La campagne des élections présidentielles est bel et bien lancée : Xavier Bertrand, Président de la région Hauts de France a déclaré sa candidature. L’ancien Premier ministre Édouard Philippe reste (encore ?) silencieux et caracole en tête des personnalités politiques préférées non seulement des électeurs d’Emmanuel Macron, mais aussi du camp des Républicains depuis la condamnation de Nicolas Sarkozy. Le plus grand danger pour Emmanuel Macron reste la multiplication de candidatures, chacune rongeant son fragile électorat, ce d’autant plus que Marine Le Pen semble établie pour le second tour.  En cas de victoire, elle a déjà annoncé vouloir organiser un référendum sur l’immigration, supposée dommageable. Toujours ce même jeu avec la peur…

Pendant ce temps, la presse a passé sous silence le lancement officiel de la Conférence sur l’avenir de l’Europe le 24 mars dernier, qui donnera l’occasion aux citoyens de formuler leurs souhaits pour l’Europe de demain. Le site plurilingue et interactif de l’Union européenne devrait accessible dès le 19 avril 2021.

La troisième vague du Covid est en pleine expansion : l’incidence de 7 jours approche des 400 en France, pour une moyenne européenne de 235.  L’incidence allemande est certes bien plus modérée (de 138), mais en progression rapide.

  France Allemagne États-Unis Italie Espagne
Tests quotidiens pour 1000 5,93 2,31 2,46 5,23 2,16
Nombre de cas

28. février (*)

3.747.263

(+15,8 %)

2.449.392

(+ 10,0 %)

28.561.078

(+9,5 %)

2.925.265

(+15,1 %)

3.180.212

(+15,9 %)

31 mars

(*)

4.646.014

(+24,0%)

2.818.630

(+ 15,1 %)

30.393.702

(+6,4 %)

3.561.012

(+21,7%)

3.275.819

(+3,0 %)

Décès

28 février  (*)

85.741

(+12,8 %)

70.106

(+ 22,8 %)

512.276

(+16,6 %)

97.699

(+10,7 %)

69.142

(+18,6 %)

31 mars

(*)

95.495

(+11,4 %)

76.389

(+ 9,0 %)

550.996

(+7,6 %)

108.879

(+11,4 %)

75.305

(+8,9%)

Par million d’habitants

(30 octobre)

 

1.452

(551)

 

912

(125)

 

1.694

(707)

 

1.794

(631)

 

1.608

(762)

Vaccins en % de pop totale

1er vaccin

Vaccin complet

 

 

11,4 %

4,0%

 

 

10,7 %

4,6 %

 

 

28,4%

15,7 %

 

 

10,9 %

5,0 %

 

 

10,6%

5,6 %

Source : Johns Hopkins Corona Resource Center (https://coronavirus.jhu.edu/map.html) & Oxford University (https://ourworldindata.org/coronavirus-testin)
(*) % par rapport au mois precedent

L’espoir repose maintenant sur une livraison des vaccins telle que prévue. 11 % des populations francaise et allemande ont obtenu leur premier vaccin. Au second trimestre, la France est supposée recevoir 67 millions, l’Allemagne 70 millions de vaccins. Les vacances d’été en France devaient être possibles sans trop d’entraves si les délais sont tenus et la logistique est maîtrisée.

Nous tenons notre avenir en main : restez en bonne santé !

Christophe Braouet