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Commentaires Décembre 2022

Commentaires Nr. 27

 

Francfort, 31 décembre 2022

Le traité d’amitié franco-allemand a été signé il y a 60 ans, un 22 janvier: est-ce le bon moment pour un renouveau? Fin octobre, l’irritation à Paris était telle que le sommet franco-allemand a été annulé, pour la première fois, en cause le paquet de soutien à l’économie de 200 milliards décidée de manière unilatérale par Berlin, mais aussi le voyage à contretemps du chancelier Scholz à Pékin et de la décision allemande de soutenir la technologie américaine pour le bouclier aérien européen. Le chef d’état-major de la Bundeswehr Eberhard Zorn déclarait sans ambages le 12 septembre: « Ce qui est contenu dans le paquet de 100 milliards pour la défense suit nos propositions militaires, pour faire simple, d’avoir recours à du matériel qui vole, qui roule et qui est sur le marché (…) Pas de projet européen, qui en fin de compte ne marche pas. Je ne citerai pas d’exemples. Cela reviendrait à dénigrer des entreprises nommément. Aller de l’avant et espérer des temps meilleurs: voilà ce que beaucoup d’entre nous souhaitent après cette année 2022 lourde de conséquences.

Et il y a de nombreuses raisons d’y croire.

La France peut se réjouir d’avoir vu son équipe de football en finale de la coupe du monde. L’Allemagne peut se satisfaire d’avoir démantelé un réseau d’extrême droite, qui se préparait à un putsch.

Mais avant toute autre chose, nous devons espérer que la guerre en Ukraine prenne fin. Aidés par un hiver plus doux à Kiev comme chez nous, il faut que Poutine échoue dans sa volonté de briser le moral ukrainien à force d’attaques des infrastructures comme il a échoué avec ses crimes de guerre. Philipp Eppelsheim du quotidien Frankfurter Allgemeine a écrit le 12 décembre dernier: „Selon les informations de l’UNICEF, les 7 millions d’enfants en Ukraine n’ont accès ni à l’eau courante, ni à l’électricité ni au chauffage. Les enfants sont victimes du froid extrême et les contacts avec leurs amis et parents sont très limités, faute de courant. Selon leurs estimations, 1,5 millions d’enfants souffriraient de dépression, de troubles post-traumatiques et d’autres troubles psychiques“. Le 24 février, a guerre aura déjà fait rage depuis un an. Les bélligérants réaliseront peut-être que le conflit est sans issue et accepteront un arbitrage. Pour ce faire, il est essentiel que l’aide militaire soit effectivement livrée. Poutine sera peut-être disposé à s’asseoir à la table des négociations, par ailleurs contraint par les sanctions économiques et financières.

La fin de la guerre en Ukraine permettrait aussi une détente sur les marchés des capitaux et de l’énergie. L’Allemagne vient d’inaugurer le premier terminal de gaz liquéfié et a fini par accepter un plafond pour le prix du gaz, réclamé par presque tous les autres États européens:180 Euros par heure Mégawatt bien supérieur, au prix actuel du gaz aux alentours de 80 euros.  L’Allemagne avait déjà accepté un prix plafond pour le pétrole russe de 60 Dollars, alors que celui-ci est inférieur au prix du marché de 69 dollars actuellement. Allez savoir… Ne reste qu’à convaincre une majorité d’allemands que le nucléaire est un facteur clé pour assurer la compétitivité industrielle européenne et le bien-être général.

Une fin des hostilités en Ukraine ne doit conduire à baisser la garde en matière militaire, comme l’illustre la récente panne des chars PUMA. Celui-ci avait finalement été déclaré apte au combat cinq ans après avoir été livré à la Bundeswehr (!). L’avancée russe a illustré que l’Europe doit disposer d’une dissuasion non seulement nucléaire, mais aussi conventionnelle, sans avoir à quémander quoi que ce soit à Washington. La « boussole stratégique » de l’Union européenne prévoit une force d’intervention de seulement 5000 hommes, qui n’effraie personne. Le budget extraordinaire de 100 milliards d’euros pour moderniser l’armée allemande n’est donc qu’un début.

L’Allemagne dispose des moyens financiers nécessaires. Les entreprises allemandes ont réalisé des profits supérieurs de 22 % á l’année précédente, ce qui est de bon augure pour les recettes fiscales. Le taux d’emploi reste au niveau historique de 2021. En France, le taux de chômage est passé de 9 % à 7,3 % au cours des cinq dernières années, les injustices sociales ont été atténué et les entreprises bénéficient des assouplissements des lois du marché du travail et des réductions de charge fiscale. Ces mesures devraient se traduire par une hausse des revenus et, en conséquence, d‘une réduction du déficit public, indispensable quand la dette atteint 113 % du PIB et que les taux d’intérêts montent. La réforme des retraites en début d’année devrait elle aussi contribuer à la réduction des déficits.

Reste á espérer que la lutte contre le réchauffement climatique devienne prioritaire avec la nouvelle année. Ce n’est que justice que les États industriels aient accepté à Charm El Cheikh d’aider les États du Sud (à nouveau). Reste à traduire la promesse dans les faits. Emmanuel Macron a promis d’aider les 50 industriels les plus polluants à hauteur de 5 milliards d‘euros, si ceux-ci doublent leur réduction de CO2 d’ici 2030.

Dernière note d’espoir: la fin de la pandémie du Covid, dans les pays développés en tout cas. 70 % de la population mondiale a été vaccinée une première fois: seuls 25 % de la population des pays les plus pauvres. Et sous réserve que la nouvelle politique chinoise ne réserve pas de nouvelles mauvaises surprises. Dans la foulée du changement de politique 250 millions de chinois ont été infectés dans les seules trois premières semaines du mois de décembre. Le nombre de victimes chinoises avec un système hospitalier en surcharge totale ne peut être qu’estimé à l’aide des chiffres européen et américain. Le Covid a coûté la vie à plus d’un million d’Américains et plus d’un million d’Européens…

  France Allemagne Italie Espagne GB Etats-Unis
Cas au 30 septembre 2022 35.560.024

(+14,2%)

33.312.373

(+18,2%)

22.432.803

(+21,7 %)

13.412.263

(+5,3%)

23.893.351

(4,4 %)

96.347.008

(+10,2 %)

31 décembre 2022 (*) +3.938.164

(+11,1 %)

+4.057.492

(12,2 %)

+2.710.902

(+12,1 %)

+ 271.995

(+2,0 %)

+472.337

(+2,0 %)

+4.396.434

(+4,6 %)

Décès au 30 septembre 2022 156.118

(+3,7%)

149.948

(+6,3%)

177.054

(+5,2%)

114.138

(+5,7%)

207.908

(+14,9%)

1.059.288

(+4,1 %)

Décès au 31 décembre  (*) + 6.885

(+ 4,4 %)

+ 11.517

(+7,7 %)

+ 7.588

(+ 4,3 %)

+ 2.957

(+ 2,6 %)

+6.089

(+ 2,9 %)

+33.373

(+ 3,2 %)

Morts par million d’habitants 2.443 1.904 3.027 2.492 2.887 3.324
Vaccins  (% de

1er vaccin

Vaccin complet

population)

80,6 %

78,4 %

 

77,8 %

76,2 %

 

86,2 %

81,3 %

 

86,9 %

85,5 %

 

79,7 %

75,2 %

 

80,7 %

69,0 %

Source : Johns Hopkins Corona Resource Center (https://coronavirus.jhu.edu/map.html) & Oxford University (https://ourworldindata.org/coronavirus)

(*) % par rapport au 30 juin 2022

 

Les raisons d’espérer une année 2023 meilleure que l’an passé sont donc nombreuses : je vous souhaite une bonne et heureuse nouvelle année dans un monde pacifié !

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Christophe Braouet