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Commentaires juillet 2020

Juillet aura été un mois très politique avec l’accord obtenu sur le budget pluriannuel de l’Union européenne (2021-2027), le plan de relance européen et la formation d’un nouveau gouvernement en France suite aux élections municipales.

Le sommet européen de Bruxelles aura duré quatre jours et quatre nuits pour aboutir à un résultat historique, compromis judicieux, qui concrétise de belle manière ce qu’Angela Merkel soulignait le 8 juillet lors de son allocution devant le Parlement européen : « Quel message pourrait être plus approprié que celui que cette Europe est capable de grandes choses si nous sommes unis et solidaires ?!”

L’Union européenne a fait preuve de solidarité : 27 États ont adopté un plan de relance commun, ce qui est en soi une première, peut-être due à l’absence de la Grande-Bretagne. L’ampleur même des mesures (750 milliards d’euros telles que proposées par l’Allemagne et la France le 18 mai dernier), et l’importance des subventions à hauteur de 390 milliards (même si inférieurs aux 500 milliards proposés initialement) sont un changement de paradigme. En tête des bénéficiaires l’Italie (200 milliards, dont 80 milliards de subventions) et l’Espagne dotée de 77 milliards, puis la France (40), la Pologne (37) et l’Allemagne (29).

Les raisons de qualifier cet accord d’historique, voire d’hamiltonien (cf. notre Commentaires du 30 avril) tiennent également au mode de financement : il sera financé par de la dette communautaire, remboursée jusqu’en 2058, et ce par les non-européens. Car les nouvelles taxes carbones, sur le plastique et les produits digitaux seront perçues sur les produits fabriqués hors d’Europe lors de leur entrée sur le marché commun. La « taxe GAFA » voit ainsi le jour, et la souveraineté économique de l’Europe s’affirme, tel que souhaité par Emmanuel Macron depuis son entrée en fonction.

Bien sûr, l’accord fait aussi l’objet de critiques. La principale est de nature politique, du fait de l’ambiguïté sur le lien entre l’octroi de subventions et le respect de l’État de droit, menacé de véto par la Hongrie et la Pologne. La réponse (étonnamment explicite) d’Angela Merkel réside dans l’adoption à venir d’un règlement européen, qui permettra à la Commission de réduire les versements européens si celle-ci constate à la majorité qualifiée (15 États et 65 % de la population de l’UE) – que les règles démocratiques sont enfreintes. En cas d’adoption, la Hongrie aura célébré une victoire de dupe.

Par ailleurs, les 27 ont accepté l’augmentation des rabais d’un milliard d’Euros (soit 0,5 % des dépenses totales) aux cinq pays frugaux : dangereux précédent même s’il doit faciliter l’accord de leurs parlements nationaux. L’Allemagne garde le rabais le plus important (3,7 milliards). Les Pays-Bas et l’Autriche augmentent les leurs de 340 et 330 millions (pour passer à 1,9 milliards et 565 millions), celui de la Suède passe de 800 à 1069 millions et celui du Danemark de 200 à 322 millions.

Un autre point de critique porte sur le budget sans réelle augmentation d’ici 2027. Retenons à cet effet que 30 % des 1800 milliards seront dépensés pour le « mécanisme de transition juste » (réalisant la promesse du « Green deal »), que le Fonds climatique est multiplié par quatre et porté à 17,5 milliards et que les moyens pour Erasmus sont augmentés de 50 %.

Somme toute, il n’est guère surprenant qu’Emmanuel Macron ait qualifié l’accord de « jour historique pour l’Europe » et souligné le rôle décisif qu’il a joué avec Angela Merkel. L’importance des subventions se lit au cas de la France, où 40 % du plan de relance de 100 milliards seront ainsi financés par l’Europe.

Dans ce contexte, la constitution du nouveau gouvernement autour de Jean Castex étonne en Allemagne (majorité parlementaire et popularité d’Édouard Philippe restant intactes), mais ne surprend guère en France, avec les élections présidentielles de mai 2022 désormais en point de mire : un Premier ministre reste le fusible du tandem exécutif, ni plus ni moins.

Dans l’immédiat, il s’agit de préparer une rentrée sociale qui s’annonce difficile avec l’arrivée de plus de 700.000 jeunes sur le marché du travail et des tensions accrues dans les banlieues, les familles issues du Maghreb ne pouvant pas retourner « au pays ». De ce fait, les premières mesures suite au « Ségur de la Santé » ont été annoncées : 4.000 lits à la demande et une enveloppe de 8 milliards pour les augmentations de salaires dans le milieu hospitalier et les Ehpad en contrepartie d’un assouplissement des heures supplémentaires, 6 milliards d’investissements, la reprise de 13 milliards de dettes et 2.000 places de formation paramédicales supplémentaires ont été bien accueillies.

Il s’agit enfin d’endiguer une seconde vague du Covid. Même si en Allemagne et en France les chiffres restent rassurants, le déconfinement et les vacances sont des facteurs de risque.

  France Allemagne États-Unis Italie Espagne
Nombre de cas au 30 juin  

201.522

 

195.042

 

2.590.582

 

240.436

 

248.970

28 juillet 220.352 207.474 4.309.230 246.488 278.782
Guérisons

30 juin

 

76.124

 

177.700

 

705.203

 

189.196

 

150.376

28 juillet 81.212 190.648 1.325.804 198.756 150.376
Décès

28 juillet

 

30.212

 

9.128

 

148.298

 

35.123

 

28.434

Par 100.000 habitants  

45,10

 

11,00

 

45,24

 

58,10

 

60,85

Nombre de tests par million d’hab.  

45.682

 

88.527

 

163.736

 

108.520

 

135.187

Sources : Johns Hopkins Corona Resource Center (30 juin et 28 juillet 2020) ; Tests : Statista 28 juillet