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Commentaires Octobre 2021

Commentaires 20 D & F

Francfort, 30 septembre 2021

 

En Allemagne, les élections fédérales du 26 septembre dernier changent la donne (de fond en comble):pour la première fois, l’élection s’est tenue sans candidat chancelier sortant. Pour la première fois, les deux grands partis chrétien-démocrate (CDU/CSU) et social-démocrate (SPD) obtiennent ensemble moins de 50 % des voix : c’est la raison pour laquelle, il est vraisemblable que se constituera une coalition tripartite. Ces élections illustrent que le système partisan allemand est tout aussi fragmenté que le francais, et que le chef de l’exécutif ne représente pas plus d’un électeur sur quatre. Ceci est dilleurs le cas dans la plupart des démocraties d’Europe continentale.

 

Les deux grands partis CDU et SPD avaient déjà perdu 12 % de voix lors des précédentes élections fédérales de 2017. Aujourd’hui, la CDU tombe à 24,1 %, son plus faible score depuis la création de la RFA. Les voix perdues vont tous azimut:  1,5 millions au SPD, 900.000 aux Verts et 500.000 aux Libéraux du FDP. Le SPD avait obtenu son plus mauvais score en 2017, et remonte de 5,5 % pour atteindre 25,7 %, ce qui suffit pour en faire le parti avec le plus grand nombre de voix.

 

Ce sont les personnalités qui déterminent le résultat, plus que l’image de leur parti: la ministre-présidente sortante du SPD Manuela Schwesig obtient avec 39 % des voix en Mecklenburg-Vorpommern, un score bien supérieur à la moyenne nationale. Il en était de même lors des élections régionales en début d’année en Rhénanie-Palatinat pour Malu Dreyer (SPD), pour Wilfried Kretschmann (Les Verts) dans le Bade-Wurttemberg ou encore pour Reiner Haseloff (CDU) en Saxe-Anhalt.

 

Pour la première fois, ce sont les petits partis de la coalition -les Verts qui progressent de 5,9 à 14,8 % et les Libéraux, qui progressent de 0,8 à 11,5 %- Ils vont déterminer qui sera chancelier, et non le „grand“parti dont ils sont issus… Pour autant qu’ils parviennent à s’entendre, tant les différences sont grandes. Les Verts se sont toujours prononcés pour une coalition avec le SPD, les libéraux avec les chrétiens-démocrates. Dès lundi, ils ont mené des premiers pourparlers entre eux, pour rechercher un projet commun qu’ils soumettront aux deux candidats en lice que sont Olaf Scholz du SPD et Armin Laschet de la CDU.

 

Le parti d’extrême-gauche „Die Linke“ ne joue aucun rôle dans la composition du futur gouvernement, tombant à 4,9 %. Il ne se maintient au Bundestag que grâce à trois députés élus directement. Il perd  son rôle de „représentant des intérêts de l’est“. Les voix perdues vont au SPD (600.000) et aux Verts (500.000).

 

Le parti d’extrême droite AfD profite de l’effondrement de la CDU à l’est et devient le principal parti en Saxe et en Thuringe, alors qu’il perd 2,3 % à l’échelle fédérale. Plus de trente ans après la chute du mur, l’est continue à voter différemment de l’ouest.

 

La politique étrangère et l’Europe n’ont joué aucun rôle durant la campagne électorale. L’Australie a démontré le peu de poids international qu’a l’Europe, en annulant le contrat de livraison de 12 sous-marins francaise d’une valeur de 35 milliards d’Euros, signé voici 5 ans déjà.  Etats-Unis et Grande-Bretagne sont les grands gagnants en concluant l’alliance stratégique AUKUS: la Grande-Bretagne une fois de plus aux côtés des Etats-Unis plutôt que de se montrer solidaire avec l’Europe. Il est particulièrement révélateur que l’Australie venait de signer un traité avec l’Allemagne le 10 juin dernier, soulignant le renforcement de leur alliance stratégique, dans lequel il est stipulé: „L’alliance stratégique de l’Allemagne et de l’Australie est aujourd’hui forte et leurs liens d’amitié intenses. Nous sommes résolus à defendre nos valeurs et intérêts communs et à nous engager pour eux. A cette fin, nous allons renforcer notre cooperation bilatérale et multilatérale de manière substantielle.”

 

L’Union européenne a mis cinq jour avant de se montrer solidaire de la France.

La crise de la Covid en manque de solidarité internationale

Deux tiers de l’humanité ne sont pas encore vaccinés, 95 % de la population africaine…

L’Union européenne a promis 400 millions de vaccins, dont seulement 2,4 % ont été livrés. 25 % des promesses de vaccins sont le fait de l’Allemagne, qui n’en a livré que 1,7 millions. La France a moins promis, mais livré davantage: 5,5 des 54 millions de vaccins promis. Les Etats-Unis quant à eux montrent le bon exemple: ils ont livré 82 des 290 millions promis.

 

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne illustrent que la crise est loin d’être vaincue: la hausse du nombre de cas et de décés est préoccupante. Le Freedom Day de Boris Johnson était trop précoce: 1.300 morts de plus qu’en France au cours du seul mois de septembre, une explosion du nombre de cas qui est de mauvaise augure.

 

France Allemagne Italie Espagne GB Etats-Unis
Tests par jour pour 1000 7,5 1,6 4,7 1,8 13,9 4,2
Cas 30 septembre

(*)

7.100.572

(+3,9 %)

4.228.774

(+ 7,1 %)

4.668.261

(+2,9 %)

4.956.691

(+2,3 %)

7.808.054

(15,0 %)

43.349.187

(+11,0 %)

 

Décès au 31 août 114.620

(+2,3 %)

92.207

(+0,6 %)

129.146

(+0,8 %)

84.146

(+3,3 %)

132.808

(+2,5 %)

638.711

(+4,2 %)

30 septembre

(*)

+ 2.787

(+2,4 %)

+1.436

(+ 1,6 %)

+1.724

(+1,3 %)

+2.251

(+2,7 %)

+ 4.098

(+3,1 %)

+ 56.401

(+8,8 %)

Par million d’hab

(début 3èmevague : 30.10.20)

1.782

(551)

1.120

(125)

2.168

(631)

1.847

(762)

1.998

(775)

2.141

(707)

Vaccins      (% de la

1er vaccin

Vaccin complet

population)

74,4 %

65,6 %

 

67,3 %

63,7 %

 

74,7 %

67,7 %

 

80,6 %

78,2 %

 

71,5 %

65,7 %

 

63,6 %

54,8 %

Source : Johns Hopkins Corona Resource Center (https://coronavirus.jhu.edu/map.html) & Oxford University (https://ourworldindata.org/coronavirus)

(*) % par rapport au mois précédent

 

Restons vigilants et continuons à faire campagne pour la vaccination afin de retrouver le chemin d’une vie normale le plus rapidement possible (tout au moins pour les doublement vaccinés…).

 

Christophe Braouet