Commentaires Septembre 2022
Commentaires Nr. 26
Le populisme est en marche: cette triste vérité se confirme avec le résultat des élections en Suède et en Italie. Mario Draghi, nommé Président du Conseil italien en février 2021, n’aura rassuré les marchés qu’un an et demi. Durant ce court laps de temps, l’Union Européenne a garanti 200 milliards d’Euros à l’Italie dans le cadre du programme NextGeneration, en contrepartie toutefois de l’obligation d’entreprendre des réformes structurelles. Aujourd’hui une bénédiction, car il est peu vraisemblable que Giorgia Meloni renonce à une telle somme, qui correspond à 20 % du budget national. Elle va donc devoir se profiler avec une politique migratoire bien plus stricte et poursuivre le programme de réformes économiques.
L’importance grandissante du populisme au cours des vingt dernières années se lit à l’aune des réactions modérées à la suite des succès populistes suédois et italien. A la suite de l’élection de Wolfgang Schüssel et de la formation d’une première coalition avec les extrémistes de droite de Jörg Haider, l’Autriche fut mise au ban. A cette époque, Le Pen n’avait pas accès aux plateaux de télévision. Aujourd’hui les populistes gouvernent en Hongrie comme en Pologne et en passe d’accéder au pouvoir à Stockholm et à Rome.
La crise énergétique risque de renforcer davantage encore les mouvements populistes. Raison de plus pour adopter des programmes financiers d’envergure pour endiguer la paupérisation. L’Allemagne vient de décider de consacrer jusqu’à 200 milliards d’Euros pour bloquer les prix du gaz : le „comment“ reste à définir. La France a quant à elle décidé voici plusieurs mois de limiter la hausse du prix de l’électricité à 4 % et de geler le prix du gaz. Les coûts de ces mesures se montaient déjà à 24 milliards d’euros à fin juillet 2022- par temps de chaleur. Les conséquences sur les finances publiques sont inquiétantes, notamment en France où le taux d’endettement est déjà supérieur à 110 %.
La crise énergétique va pourtant s’aggraver encore. La conduite de la guerre hybride a pris une nouvelle facette avec les attentats contre les pipelines North Stream 1 et 2, la Russie suspend ses livraisons, la France réduit les siennes pour assurer la maintenance de 32 de ses 56 réacteurs nucléaires. De plus, la production d’électricité hydraulique a baissé de 15 % du fait de la sécheresse.
Plus que jamais, il importe de contenir les prix de l’énergie. Le gouvernement allemand, qui souhaite maintenir la sortie du nucléaire, a justifié l’extension de la production de ses trois dernières centrales atomiques avec les livraisons réduites d’électricité nucléaire francaise. La sortie du nucléaire ne vaut donc que pour l’Allemagne, pour autant que la France continue à produire de l‘atome.
Le gouvernement français maintient son refus d‘achever la construction du pipeline de gaz long de 230 kilomètres entre l’Espagne et la France. Pourtant, sa construction permettrait d’approvisionner le Nord de l’Europe avec du gaz liquéfié (et plus tard de l’hydrogène). Car l’Espagne dispose des terminaux LNG qui font défaut à l’Allemagne. Emmanuel Macron persiste (encore): la construction ne serait prête que dans trois ans, son coût de trois milliards serait trop élevé et irait à l’encontre de la volonté de réduire le recours à l‘énergie fossile. Nous voilà loin de l’esprit du discours de la Sorbonne.
A court terme, l’accord énergétique entre la France et l’Allemagne est un geste de solidarité: électricité allemande contre gaz français. Reste à définir une stratégie énergétique commune pour le moyen et le long terme. À l’heure où la France inaugure son premier parc éolien off-shore (!), il faut trouver un accord sur l’énergie se source nucléaire. La moitié des pays européens en produisent, pour dix d’entre eux le nucléaire pèse pour plus de 20 % dans la fabrication électrique: en France 70 %, en Suède 31 et en Espagne 21 %
La guerre en Ukraine et la crise de l’énergie ont repoussé le Covid à l’arrière-plan. Malheureusement, l’économie continue à pâtir de l’épidémie. Avec les mois plus froids, le nombre de cas augmente à nouveau. L’Allemagne confirme son scepticisme vaccinal. Elle occupe le 42ème rang sur 42 pays examines La France le 15ème rang . Cette attitude se vérifie avec les taux de vaccination allemands inférieurs à la moyenne.
France | Allemagne | Italie | Espagne | GB | Etats-Unis | |
Cas 30 juin 2022 | 31.151.971
(+21,5%) |
28.180.861
(+33,3%) |
18.438.877
(+26,6 %) |
12.734.038
(+10,7%) |
22.895.669
(+7,8 %) |
87.410.944
(+9,2 %) |
Cas 30 septembre 2022
(*) |
+4.408.053
(+14,2 %) |
+5.131.512
(18,2 %) |
+3.993.926
(+21,7 %) |
+ 678.225
(+5,3 %) |
+997.682
(+4,4 %) |
+8.936.064
(+10,2 %) |
Décès au 30 juin 2022 | 150.530
(+5,1%) |
141.105
(+9,0%) |
168.294
(+5,7%) |
107.906
(+5,6%) |
180.920
(+9,1%) |
1.017.467
(+3,8 %) |
Décès au 30 septembre | + 5.588
(+ 3,7 %)
|
+ 8.843
(+6,3 %)
|
+ 8.760
(+ 5,2 %)
|
+ 6.178
(+ 5,7 %)
|
+26.988
(+ 14,9 %)
|
+41.821
(+ 4,1 %)
|
Morts par million d’habitants | 2.364 | 1.777 | 2.938 | 2.438 | 2.765 | 3.236 |
Vaccins (% de
1er vaccin Vaccin complet |
Population)
80,9 % 78,7 % |
77,8 % 76,1 % |
85,8 % 81,0 % |
87,0 % 85,6 % |
80,0 % 75,4 % |
79,4 % 67,9 % |
Source : Johns Hopkins Corona Resource Center (https://coronavirus.jhu.edu/map.html) & Oxford University (https://ourworldindata.org/coronavirus)
(*) % par rapport au 31 décembre 2021
Nous devons á présent réduire notre consommation d’énergie, et contribuer en passant à un autre sujet passé à l’arrière-plan : la lutte contre le réchauffement climatique.
Christophe Braouet